Après 18 ans passés à New York pour Givaudan, Calice Becker redécouvre le savoir-vivre français avec délectation. A commencer par les odeurs de la capitale, de la Provence et des métiers de bouche qui sont pour elle « comme des retrouvailles qui me stimulent encore plus » raconte-t-elle. Rencontre d’une créatrice à fleur de sens.

Occasion de cerner les sources d’inspiration de cette créatrice franco-russe inspirée et inspirante. J’Adore de Dior, Cuir de Lancôme, Lola de Marc Jacobs, c’est elle. Beyond Paradise d’Estée Lauder, Vent Vert de Balmain, c’est aussi elle. Tommy Girl, Rock Princess de Vera Wang, L’Air du Temps collection c’est encore elle. Et bien sûr l’Air du Paradis de Nina Ricci et Dylan Blue de Versace. Et bien d’autres encore. Comme si, chez cette femme aussi chaleureuse que modeste, la création n’avait pas de limite, l’inspiration pas de frontière, les émotions pas de terme.

« Créer, c’est ouvrir son cœur à ses émotions et savoir les recevoir explique-t-elle. C’est l’art d’assembler l’inattendu. D’origine russe par ma mère, j’ai cette sensibilité naturelle liée aux émotions et à la beauté. C’est elle qui, artiste, est d’ailleurs la première à déceler mon aptitude olfactive et à m’encourager à « devenir nez »…  Je ne savais pas ce que cela voulait dire ! »

Sa première vocation était de devenir médecin. Mais son odorat en a décidé autrement : « Il semble me guider depuis mon enfance. C’est mon premier contact avec le monde, ma manière d’appréhender mon environnement. Mon nez me guide : je regarde autour de moi… comme un animal ! Depuis toujours… ». C’est sa tante qui la pousse aussi dans cette voie parfumée et surtout Françoise Caron, son mentor, qui a su détecter son talent et l’encourager dans cette voie. Au fil des années qui passent, elle réalise à quel point ces odeurs procurent du bien-être. Elles « font du bien sur ceux qui les sentent, y compris dans le monde médical… Le parfum peut rendre heureux ceux qui le portent ».

Calice poursuit : « Pour moi, le parfum est un langage qui nous relie à la mémoire olfactive, un trait d’union avec elle ». Alors les souvenirs affluent. Parmi les plus marquants  « celui du  jabouticaba, un petit fruit brésilien qui pousse sur un tronc, découvert à 8 ans quand nous vivions au Brésil. Il est pour moi l’odeur du bonheur… ». Comme l’est celle des ingrédients dont elle se sert en cuisine pour imaginer des ateliers gustatifs : tous les sens se donnent rendez-vous autour de « la saveur du litchi et son goût rosé par exemple »

L’ouïe, fine chez Calice, est également très sensible à la musique : « je m’intéresse aux autres formes de création, raconte-t-elle : Vivaldi, Purcell, Lully, sont des génies qui ont su mettre en musique la froidure par l’effet qu’ils produisaient sur les humains leur rendant la voix chevrotante!… Comme le musicien, le parfumeur est un créateur qui interprète. En assemblant des ingrédients il peut ainsi réveiller des émotions, au même titre que les notes avec la musique… ».

Des sens en éveil qui lui permettent de revenir sans cesse à la création, inspirée, Calice crée tout autant pour des blockbusters que pour des fragrances de haute parfumerie  réservées aux amateurs éclairés.

L’une de ses matières préférées : tout ce que peut produire le bigaradier, de la bergamote au citron vert, de la fleur d’oranger au néroli ou petitgrain, elle s’inspire de tout : « Je suis cavalière et l’air de la campagne, l’odeur du foin, des chevaux, du cuir des selles, peuvent aussi me donner des idées… ». Dans un prochain parfum ?

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