Exploiter dans le domaine du tourisme le fort lien entre l’odorat et les émotions, en créant ou recréant des odeurs associées à des lieux ou à des événements… c’est la mission que se donne Audrey Bernard. Comment ? Grâce à la biométrie. Montréal, Marseille, bientôt le Vaucluse et bien d’autres lieux vont ainsi révéler leur identité olfactive.

Audrey Bernard a fondé Stimulation Déjà vu en août 2017. Diplômée en gestion, elle avait une passion pour les odeurs et leur potentiel. Son entreprise emploie maintenant quatre personnes à temps plein et trois autres de façon « assez active ».

Déjà vu travaille avec différents acteurs du milieu touristique ici et ailleurs, dont les prestigieuses Galeries Lafayette, pour créer des expériences basées sur les odeurs. Pour Tourisme Montréal, elle a créé un coffret de cinq odeurs « typiques » de Montréal : Ville aux 100 clochers, Food Truck Festival, Winter Lights, Mont Royal sous la pluie et Festival Mania.

Les odeurs sont des compositions qui peuvent ou non être fidèles aux « vraies odeurs », selon les besoins. La fragrance des « 100 clochers », par exemple, ne contient pas d’encens, dont l’odeur est perçue négativement. « On ne dénature pas l’odeur, mais on raconte une histoire », image Audrey.

Le coffret a d’abord été conçu pour être remis à des congressistes, mais son succès a attiré des hôtels et d’autres boutiques, qui souhaitent pouvoir le vendre à leurs clients.  Pour tester ses odeurs lors du développement, Déjà vu travaille en collaboration avec RE-AK Technologies pour mener des expériences où l’on mesure l’activité électrique du cerveau, la sudation, le rythme cardiaque ainsi que les mouvements des yeux et du visage en réaction aux odeurs.

La première cible de la jeune femme impliquée dans la cause d’Alzheimer, était d’aider des résidants de maisons de retraite en créant des odeurs associées à des souvenirs positifs pour eux. « J’étais convaincue que la mémoire olfactive était plus efficace que l’aromathérapie », explique-t-elle. L’entreprise pourrait y revenir un jour.

Le tourisme n’était pas le premier créneau de Déjà vu. « C’est un concours de circonstances », note Audrey. « Quand tu ramènes le coffret chez toi, au lieu d’une photo, le lien émotif est très fort. L’odorat est le sens qui a le plus d’impact, le plus fort lien avec les émotions », dit-elle.

Le Vaucluse à portée de nez…

Forts de cette conviction, Audrey et le Vaucluse on entamé une collaboration avec le projet de laboratoires des sens en tourisme afin d’améliorer l’offre de service olfactif dans le tourisme.

Elle nous raconte comment :

“Le coeur de notre démarche implique science cognitive et créativité. Le laboratoire des sens inauguré à Carpentras en septembre sera un lieu de rencontre des sens en tourisme. En pratique, nous y retrouverons des installations d’analyse biométrique permettant de mesurer l’impact émotionnel de différents stimuli. Le sens de l’odorat et le son seront combinés et mesurés afin de démontrer leur impact mémoriel en lien avec un lieu culturel.

 

Étienne Morlon, parfumeur, est le représentant de l’agence sur place. Le laboratoire de création est actif et la réplique du laboratoire biométrique montréalais est en cours d’installation. Tests biométriques olfactifs et sensoriels sur différents projets touristiques et culturels seront bientôt accessibles.

Sa démarche unique de création marie créativité, biométrie, sciences cognitives, anthropologie et design. Elle permet de mesurer l’impact émotionnel de la stimulation sensorielle. Ce processus amène ensuite de la data dans le processus créatif. En d’autres termes, précise Audrey “on pourrait dire qu’un designer d’odeur contribue à générer des émotions de destination, ciblées et authentiques, afin de faire revivre ce qui est inscrit en mémoire, ou bien de projeter le visiteur dans un lieu et une émotion encore inconnus.”

Ces projets de développement de parcours sensoriels physiques et sans contact en cours sur différents sites vont permettre d’augmenter l’expérience touristique.

Dans la lignée de ce qui vient d’être réalisé à Marseille pour qui Déja vu a créé un parfum pour la ville baptisé « Comme un air de Marseille » composé …”d’un juste équilibre entre des senteurs attendues pour Marseille et des odeurs ” surprises “… comme si on on avait découpé Marseille en émotions”.

On guette sa diffusion et la suite des aventures de Stimulation Déjà vu en France !